Nous sommes en 1978, le groupe Peugeot-Citroën a réussi un gros coup. Le groupe annonce qu'il va racheter les trois filiales européennes de son concurrent américain, Chrysler. Du jour au lendemain, Peugeot va devenir le premier groupe européen, devant les Allemands et les Italiens.
En effet, le rachat des trois filiales européennes de Chrysler, permet au groupe PSA Peugeot-Citroën de se placer en leader du marché européen. Par la même occasion, cette acquisition permet à Peugeot de mettre un pied en Iran. Une filiale anglaise de Chrysler, ayant un accord avec le plus gros constructeur automobile de la République Islamique d’Iran, Iran Khodro, fournissait les pièces de la Peykan, copie de la Hunter britannique, que Khodro assemblait sur place. C’est ainsi que PSA Peugeot-Citroën commençait à s’implanter progressivement sur le marché iranien en continuant à fournir la pièce de rechange nécessaire pour la production des Peykan, véhicule emblématique en Iran.
Mais les années 1980 sont terribles en Iran. La guerre contre l’Irak et l’effondrement économique du pays réduisent quasiment à néant l’implantation de Peugeot. Ce n’est qu’en 1989, après le retour de la paix et la levée des restrictions économiques de l’époque, que Peugeot, dirigée à l’époque par Jacques Calvet, décide de répondre à la sollicitation du gouvernement iranien. Un accord est mis en place pour la fabrication d’un véhicule tout à fait moderne. Il s’agissait de la Peugeot 405. S’en suit la 206 plus tard.
La progression de la marque en Iran lui permet même le luxe d’enregistrer un volume de vente de véhicules pour particulier en 2006 supérieur à celui vendu en France à la même année. Cependant, l’embargo économique imposé à l’Iran par les puissances mondiales a contraint le groupe PSA Peugeot-Citroën d’arrêter précipitamment sa production en Iran en 2012 probablement sous la pression de son nouvel actionnaire américain General Motors, ce dernier devant suivre la politique de Washington. Cependant, et aussi paradoxale que cela puisse paraitre, il y a eu 318700 véhicules sous le label Peugeot qui sont sortis des usines d’Iran Khodro en 2014. En effet, la partenaire iranien de PSA a continué la production des Peugeot ; la 405 étant en effet presque intégralement fabriquée sur place depuis longtemps et la 206 dans sa très grande majorité, en important des pièces de rechanges chinoises de contrefaçon étant donné que PSA ne fournissait plus la matière première pour la construction de ses véhicules sous licence.
Ce départ précipité de Peugeot d’Iran a été mal reçu par les autorités locales. L'Iran n'oubliera pas les démarches du constructeur automobile français Peugeot qui, malgré le contrat de dix ans signé par les chefs des deux Etats, a quitté l'Iran avant l'expiration dudit contrat, a déclaré le président de la commission industrielle du parlement iranien Reza Rahmani. Toutefois, et suite à la levée de l’embargo infligé à l’Iran, « les Français ont été autorisés à reprendre les négociations avec l'Iran, mais cela ne signifie pas que le passé sera oublié », continue M. Reza Rahmani.
C’est donc désormais possible à PSA d’espérer reconquérir le marché iranien. Un accord a déjà été signé avec un partenaire local afin de commercialiser sa gamme de luxe, DS, dans les prochains mois. « Vendre nos modèles là-bas était l’une des priorités de notre développement mondial », se félicite Yves Bonnefont, directeur général de DS, évoquant une clientèle « solvable, friande de voitures bien équipées et sensible au luxe à la française ». C’est le groupe Arian, déjà partenaire local du japonais Mitshubishi, qui sera le seul à pouvoir écouler – via des « DS Stores »–, des DS 5, des DS 5LS et des DS6. Des véhicules qui seront importés par Téhéran depuis l’Europe ou la Chine.
PSA Peugeot-Citroën ne s’arrête pas qu’aux DS, elle voit ses ambitions à la hausse et espère pouvoir fabriquer en Iran la petite Peugeot 208 (sortie en France en 2012) ainsi que son dérivé "Crossover" 2008 (datant de 2013). Le groupe français espère pouvoir aussi négocier la production de la 301 (commercialisée fin 2012), un dérivé à quatre portes rallongé et simplifié de la 208. En outre, PSA propose "la création d’une co-entreprise à 50-50". Ce projet-clé ferait de la co-entreprise "un centre de production pour l’Iran mais aussi pour toute la région, dont la Russie", déclare Carlos Tavares, président de PSA Peugeot Citroën.
Toutefois, « seuls trois des 37 principaux producteurs et importateurs de véhicules automobiles en Iran assurent une maintenance et un service après-vente de qualité », a souligné le président de la commission industrielle du parlement iranien Reza Rahmani. Il estime que des mesures plus actives doivent être prises pour y remédier.
En somme, un retour imminent de PSA Peugeot-Citroën pourrait être envisagé en Iran mais ça ne se fera pas sans certaines conditions que l’Etat iranien est en train de mettre en place.
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