Les grands équipementiers automobiles français se positionnent dans la voiture du futur. Valeo mise sur la propulsion électrique et la voiture autonome, Faurecia table sur le « cockpit » du futur et les moteurs hydrogène, et Plastic Omnium croit beaucoup aux complexes réservoirs hybrides, GPL ou hydrogène, et au plastique « à mémoire de forme » capable de stocker de l’énergie ou d’accueillir les capteurs des voitures robots. « Dans la propulsion 100 % électrique et l’hybride, nous doublons notre contenu par rapport aux moteurs diesel ou à essence. On le multiplie par sept pour une voiture électrique puissante, et même par neuf dans le plug-in hybride », confie Jacques Aschenbroich, président de Valeo, qui affirme en revanche que le passage du diesel à l’essence est « neutre » pour son groupe. Chez Faurecia, on dit même gagner davantage avec les moteurs à essence qu’avec des blocs diesel. Patrick Koller, le directeur général, a demandé à ses troupes de définir dans les prochains trimestres tous les domaines d’avenir où le groupe est à même de « développer des technologies différenciantes » dans la pile à combustible ou les habitacles.
Ces trois acteurs hexagonaux ont les moyens de leurs ambitions. « Les équipementiers peuvent s’adapter plus facilement que les constructeurs, estime Xavier Caroen, chez Bryan Garnier. Ils ont réduit leurs coûts et assaini leurs bilans. Ils ont les moyens d’investir dans l’innovation pour créer de la valeur. Ce n’était pas le cas avant », souligne-t-il. En moyenne, les équipementiers dégagent deux points de marge de plus que les constructeurs et dépensent un point de plus en R&D, selon les données de l’analyste.
« Pour participer au débat, il faut avoir de l’argent. Il y a quinze ans, 15 % de marge opérationnelle nous semblait énorme. Mais aujourd’hui, c’est nécessaire pour la R&D et les restructurations. Le secteur est bien plus ‘capital intensive’ qu’autrefois », pointe Laurent Burelle, président de Plastic Omnium, qui entend « faire les choses dans l’ordre » en commençant d’abord par vendre « des pièces plus chères et plus grandes ».
La complexité, c’est de déterminer les technologies à jouer - et la meilleure façon de remporter la mise. Il y a quelques années, Valeo avait cessé d’investir dans le diesel pour se focaliser sur l’électrique « sans le dire trop fort », raconte ainsi Jacques Aschenbroich. « Nous avons eu un peu de chance, le futur n’est jamais écrit », souligne-t-il. Avantage sur les constructeurs, les équipementiers ont des « yeux » partout. « Nous savons ce qui se passe chez les constructeurs du monde entier. Et en tant qu’intégrateur de systèmes, nous pouvons aussi saisir rapidement où est la valeur dans la chaîne, et donc décider où mettre les budgets », confirme Patrick Koller. Le directeur général de Faurecia compte multiplier les partenariats, comme Valeo, notamment pour faire du logiciel - c’est « impératif, l’électronique devient une commodité », dit-il. Un pas que Plastic Omnium ne souhaite pas vraiment franchir. « Nous ferons des alliances s’il nous manque des hommes ou des compétences, mais ce n’est pas notre chemin préféré », affirme Laurent Burelle. Qui apprécie l’horizon 2040 établi par le ministre Nicolas Hulot pour l’interdiction des moteurs thermiques. « Cela nous laisse du temps, c’est balisé. Impeccable », confie l’industriel.
Source : ccfa.fr
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